Sous-estime, surestime et implication

J’espère que vous avez lu mon article Échelle différente, problèmes similaires. J’y décris le fait que les obstacles rencontrés sont souvent les mêmes, quel que soit notre place dans notre entreprise, seule l’échelle de valeurs de ces problèmes diffère. C’est une constatation simple, que tout le monde peut faire en observant les personnes qui les entourent.

Mais il existe un corollaire à cela, qui est très intéressant lui aussi, et qui touche au comportement des gens. Quand on arrive dans une nouvelle entreprise ou un nouveau poste, on a tous une tendance naturelle à se sous-estimer et à surestimer nos supérieurs. Si, si. Je vous vois déjà faire la moue en vous disant « Mais non, pas du tout ! ». Mais si vous prenez le temps de regarder les choses en face, vous vous rendrez compte que plus d’une fois vous n’avez pas osez remettre en question une décision d’un supérieur, alors que vous n’auriez eu aucun scrupule si l’idée était venue de quelqu’un de même niveau hiérarchique que vous. Et combien de fois avez-vous remis à plus tard une implémentation ou une discussion dont vous étiez convaincu de l’utilité, uniquement parce que vous n’osiez demander l’aval de votre – très occupé – manager ?

Pour les dégénérés de l’égo

Bon, je vais résoudre tout de suite le cas des personnes qui se disent encore « Non, toujours pas. Je n’ai jamais eu peur de faire ce que je voulais, et je n’ai jamais avalé de couleuvres venant d’en haut ». Certaines personnes, lorsqu’elles arrivent dans un nouveau job, commencent par faire copain-copain avec le patron, puis écrasent systématiquement leurs autres collègues. Ils se donnent l’impression d’être important et puissant, mais ça reste surtout méprisable et relativement dangereux à moyen terme.
Vous pouvez être imbus de vous-même et être persuadés que vous valez mieux que les autres – y compris vos supérieurs – mais sachez que ça se retournera un jour ou l’autre contre vous. Et après quelques expériences qui se termineront plus ou moins mal, vous vous direz peut-être que vous avez autre chose à faire que de vous faire haïr.

Pour les gens normaux

Donc voilà. En forçant le trait, on se retrouve souvent/régulièrement/de temps en temps à surestimer la valeur de nos supérieurs et à sous-estimer la nôtre.

Évidemment, l’idée n’est pas de renverser la vapeur et de sous-évaluer les autres pour mieux vous surestimer (cf. paragraphe précédent). Mais plutôt de vous faire comprendre que beaucoup de contraintes sont les mêmes pour tout le monde :

  • Vous avez besoin de votre supérieur pour faire un choix, et vous êtes bloqué parce qu’il n’a pas de temps à vous consacrer.
  • Les personnes que vous encadrez vous sollicitent à tout bout de chant pour des broutilles, alors que vous êtes débordé de travail.
  • Vous souhaiteriez prendre des responsabilités, mais vous n’osez pas le faire tant que le big boss n’a pas fait d’annonce.
  • Vous enragez que vos développeurs ne prennent pas plus d’initiatives.

Que faut-il voir dans tout ça ? La délégation et l’implication.

La délégation

Pour rendre une équipe performante, il faut que chaque personne qui la compose puisse exploiter ses capacités à leur maximum. Quelle que soit la taille de l’équipe, la structure et l’organisation doivent permettre à chacun d’œuvrer pour le meilleur de l’entreprise, en réduisant le plus possible les goulots d’étranglement.

L’erreur la plus commune que font les managers, c’est de laisser se débrouiller seuls les gens qu’ils encadrent. Il faut rendre les gens autonomes et responsables ; les laisser se débrouiller, c’est les laisser dans la merde. Alors à chaque fois que vous allez pester contre quelqu’un, souvenez-vous que c’est à vous d’encadrer cette personne, et demandez-vous alors si vous avez fait tout ce qu’il fallait pour qu’elle puisse réaliser seule la tâche qui lui a été confiée.
Cette personne a-t-elle été formée convenablement ? A-t-elle accès à tous les outils nécessaires ? Avez-vous pris le temps de lui expliquer et lui montrer comment s’y prendre ? Plus important encore : cette personne a-t-elle l’autorité nécessaire vis-à-vis des autres intervenants, pour pouvoir faire avancer les choses comme il le faut ?

Pour les ceux qui enragent contre leur responsable, souvenez-vous qu’il a une foule de choses à gérer en parallèle et qu’il n’est pas évident de sentir la frontière entre encadrement et assistanat. Si vous n’avez pas reçu les formations nécessaires, signalez-le. N’ayez pas peur de montrer que vous n’avez pas compris quelque chose : en essayant de vous débrouiller dans votre coin vous perdrez encore plus de temps, et c’est ça qui vous sera reproché. Si vous n’avez pas accès aux informations ou aux outils nécessaires, ou si vous avez besoin de pouvoir faire appel à quelqu’un, signalez-le à votre supérieur. Prenez bien soin qu’il comprenne que les retards vont s’accumuler si les choses ne se débloquent pas. Si vous ne réussissez pas à obtenir une oreille attentive pour expliquer vos problèmes, envoyez un email récapitulatif très synthétique, imprimez-en une copie que vous déposez sur son bureau, et demandez à fixer une réunion même s’il faut attendre 3 jours avant de trouver un créneau libre.

L’implication

Dans tous les cas, c’est l’implication que vous mettez dans votre travail, la passion que vous avez pour votre boulot, qui fera toujours la différence. Quand on s’implique dans un projet, qu’on a profondément envie de créer quelque chose, qu’on veut le voir aboutir, on réussit à remuer ciel et terre pour y arriver. Et c’est quelque chose de visible.

N’espérez pas d’indulgence, que ce soit de vos supérieurs ou de vos subordonnés, si vous sentez que votre implication n’est pas sans faille. Vous connaissez l’expression « On trouve toujours de bonnes excuses pour ne pas faire quelque chose que l’on n’a pas envie de faire ». Elle est assez vraie. Mais elle donne envie de hurler lorsque la personne qui vous dit ça donne l’impression de ne pas faire la moitié de ce qu’elle est censée faire (expérience vécue).

Bon, et avec ça ?

L’essentiel est de rester humain. Vous managez des êtres humains. Oui, même lorsque vous êtes « en bas de l’échelle », une partie de votre travail est d’encadrer votre supérieur, pour l’aider à mieux vous aider.

Dans tous les cas, c’est quand on se donne à fond dans son boulot et en respectant les gens qui nous entourent que les choses sembler avancer d’elles-mêmes. Et franchement, ça vaut la peine.

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