Échelle différente, problèmes similaires

Une des choses que j’ai apprises au fil des années et des expériences professionnelles, c’est que les problèmes rencontrés sont globalement les mêmes quel que soit le niveau où l’on se situe. Ce n’est qu’une question d’échelle.

Prenons l’exemple qui nous intéresse particulièrement : la gestion de projet.

  • Un développeur éprouve souvent des difficultés à faire son travail dans de bonnes conditions. Ce qu’on lui demande de faire est très imprécis. Il a beau essayer de faire du mieux qu’il peut, ses supérieurs trouvent toujours quelque chose à lui reprocher (ce n’est pas fait assez vite, ce n’est pas fait assez bien, ce n’est pas fait dans le bon ordre…).
  • Un chef de projet s’arrache régulièrement les cheveux. Il a plusieurs projets à gérer simultanément, chacun étant classé « haute priorité ». Les demandes des clients sont systématiquement incomplètes. Les développeurs ne sont pas disciplinés et font ce qu’ils veulent quand ils le veulent.
  • Un directeur technique doit réussir à trier les différents projets, les affecter aux chefs de projets, suivre de près leur évolution. Il enrage souvent de ne pas avoir les remontées d’informations nécessaires pour anticiper les problèmes, de devoir pallier à la non-organisation de l’ensemble de ses collaborateurs et de passer plus de temps à « résoudre » et « corriger » qu’à « préparer » et « produire ».

Je ne vais pas expliquer maintenant comment il faut s’organiser pour gérer les projets (il y aura plusieurs autres billets sur ce blog à ce sujet). Mais ne voyez-vous pas qu’il y a des tendances qui sont les mêmes ?

Je vois 3 choses fondamentales :

  • L’information entrante : Elle n’est jamais satisfaisante. Si ce sont des spécifications, fonctionnelles ou techniques, elles sont incomplètes. Si c’est une liste de tâches à réaliser ou un ordre de mission, il n’est pas suffisamment clair. La question reste « Qu’est-ce que je dois faire ??? » (et par ricochet quand on doit gérer une équipe : « Qu’est-ce que je dois déléguer ? »).
  • L’organisation : Principalement, cela consiste à savoir qui fait quoi, et dans quel ordre. Et parce qu’elle est – à tort – considérée comme uniquement personnelle, l’organisation est souvent laissée à l’écart des processus globaux de gestion des projets. C’est une erreur, car c’est là que se joue la productivité des collaborateurs d’une entreprise.
  • L’information sortante : Il n’y a jamais de situation réellement insoluble en entreprise. Mais c’est par la qualité de nos remontées d’information que les problèmes pourront être anticipés, que les projets vivront correctement dans la durée, que nous devenons acteurs au lieu de spectateurs.

Ces trois points restent immuables, quels que soient votre poste et vos responsabilités.

Mon expérience

Je connais bien les problèmes inhérents à chacun de ces 3 profils types, développeur, chef de projet et directeur technique. Souvenez-vous d’ailleurs que les mauvais développeurs font rarement de bons chefs de projets (mais ce ne sont pas tous les bons développeurs qui font de bons chefs de projets).

La chose la plus importante à mon sens, est qu’au final tout dépend de l’humain. Une personne qui veut juste faire le minimum sera mauvaise quel que soit son travail. Alors que quelqu’un qui a à cœur de faire les choses correctement, qui a une vision plus large que son simple petit pré carré, qui désire mettre en place les méthodes qui permettront à l’ensemble de l’entreprise de mieux travailler, aura toutes les qualités nécessaires pour aller très loin.

Je vais vous raconter une anecdote. L’entreprise dans laquelle je travaillais avant de créer ma boîte s’était retrouvée à un moment sans directeur technique. J’étais alors en poste depuis à peine 3 mois, et j’essayais de faire travailler mon équipe en jonglant entre les procédures qui semblaient exister, celle que j’avais besoin de mettre en place, et le joyeux bordel qui se crée naturellement quand on est à bord d’un navire sans capitaine.
Un nouveau directeur technique est arrivé 2 ou 3 mois plus tard. Présenté comme un « caïd », avec une grosse expérience et un CV impressionnant. J’étais alors content, je me disais que j’allais apprendre beaucoup de choses à son contact. L’homme était sympa, j’avais un très bon contact avec lui ; mais concrètement, sa seule contribution fut de remplacer nos supports de gestion de projet par un unique fichier Word, parce que c’est ce qu’il avait l’habitude d’utiliser dans sa précédente entreprise.

Je vous le dis : changez d’échelle, les problèmes resteront fondamentalement les mêmes. Obtenir un meilleur poste ne rend pas les gens meilleurs pour autant. Quand vous êtes en bas, vous devez mettre en place les choses à la place de votre supérieur. Quand vous êtes en haut, vous devez tout faire pour que les membres de votre équipe n’aient pas à faire les choses à votre place.

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