20 ans d’expérience (3) : le recrutement

Nouvel article dans la série consacrée à mes 20 ans d’expérience. Vous pouvez retrouver le premier au sujet des soft skills, et le second qui parle du management.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le recrutement et sur les entretiens d’embauche ; j’y ai d’ailleurs déjà consacré plusieurs articles. Faisons court pour une fois.

Les questions en entretien d’embauche

Je vais juste relater une anecdote relativement récente. L’année dernière, je passais des entretiens pour un poste de VP of Engineering. J’avais passé leurs tests techniques sans problème, les entretiens avec les fondateurs de l’entreprise s’étaient très bien passés, et sont arrivés les échanges avec le CTO. Il a commencé par me poser des questions très techniques, auxquelles j’ai su répondre sans souci, même si nous n’étions pas toujours du même avis (avoir un avis ne veut pas dire que je ne suis pas près à en changer ; et il vaut mieux avoir un avis étayé et être capable de l’expliquer, plutôt que de ne pas en avoir du tout).

Manifestement, on avait fait nos devoirs tous les deux, et il avait regardé de près mes projets personnels (ce qui est plutôt positif). Il m’a félicité sur leurs qualités techniques, mais j’ai été étonné qu’il me challenge fortement sur les choix que j’avais fait : pourquoi avoir fait ci ou ça alors qu’il existe d’autres logiciels qui font en partie la même chose, pourquoi m’embêter à écrire une documentation, etc. Il m’a même posé des questions liées à leur rentabilité, comme s’il s’agissait de projets commerciaux.
On aurait dit qu’il voulait prouver quelque chose à partir de projets qui − par définition − ne reflètent rien d’autre que l’envie de s’amuser en créant des logiciels qui me sont utiles à un moment donné, et dont certains ont fini par être utiles à d’autres personnes.

À côté de ça, quand ça a été mon tour de poser des questions, la toute première que j’ai posée l’a mise dans l’embarras : j’ai demandé s’ils avaient des tests unitaires. Je l’ai senti gêné quand il m’a dit que non, ils n’en avaient pas.

Donc reprenons : je me fais critiquer pour des projets personnels (dont j’ai su expliquer les choix), mais la bonne pratique fondamentale de base n’est pas mise en œuvre ?

Le pire, c’est que je suis loin d’être un ayatollah des tests unitaires. Il aurait pu me donner des raisons valables de ne pas en avoir (comme privilégier les tests d’intégration, par exemple). Mais non. Et ce contraste entre chercher la petite bête sur des projets personnels, et être si peu rigoureux sur des projets professionnels, c’était un peu burlesque.

Les chasseurs de tête

Ah, les cabinets de recrutement…

Pour commencer, j’ai travaillé avec quelques cabinets qui étaient très bien, qui m’ont réellement aidé dans mes recrutements. Mais je dois dire que ce sont des exceptions plus que la règle, et sont toujours à mettre au crédit de personnes, d’individus passionnés, et non pas de fonctionnements structurellement qualitatifs.

Mon premier contact avec un chasseur de tête date de la fin de mes études. Je venais d’accepter la proposition de l’entreprise où j’avais fait mon stage de fin d’études. Là, quelqu’un m’appelle pour me parler d’une opportunité dont le salaire était 50% plus élevé. En posant des questions, j’ai fini par comprendre que le poste était un simple CDD de 3 mois au fin fond de l’Allemagne ; mais le gars était tellement pressé de prendre sa commission qu’il était prêt à tout pour trouver quelqu’un qui accepte le job.

Par la suite, en tant que recruteur, j’en ai connu qui me balançaient le plus vite possible le plus de CV qu’ils pouvaient trouver, sans même les trier (et encore moins appeler les candidats).

Le plus amusant concerne mes dernières années professionnelles. En cherchant un nouveau poste de directeur technique, je me suis retrouvé à discuter avec plusieurs « consultants en recrutement ». Ce qui est formidable, c’est que le contact est toujours très bon, très facile, très agréable ; on est en confiance, ils donneront rapidement des nouvelles, et nous font promettre de les prévenir si notre situation évoluait.
Sauf que c’est plus facile et rentable pour eux de placer des développeurs que des directeurs techniques, donc à moins qu’ils n’aient sous le coude une offre qui ressemble de loin à ce qu’on cherche, ils ne donnent plus aucun signe de vie. Et là, je parle vraiment de 100% de ceux avec qui j’ai été en contact.

Quant à ceux qui disent créer une communauté, qu’ils animent avec des meetups et des ateliers, je n’ai pas perçu l’intérêt ou la plus-value réels qu’ils apportaient, ou même le suivi régulier que cela nécessite.

1 commentaire pour “20 ans d’expérience (3) : le recrutement

  1. Bonjour Amaury, je te félicite de poursuivre ta route dans l’emploi malgré les embûches de recrutement que tu as dû faire face. Je ne suis pas connaissante dans ce domaine mais instinctivement je crois que la sur spécialisation fait peur aux dirigeants d’entreprises qui veulent conserver leurs postes, leurs sièges . Trop fort fait peur. Rendu à un certain niveau, l’enseignement , l’écriture ou le tutorat doit procurer plus de satisfactions. Par ailleurs, une entreprise qui ose engager un très instruit et un très réfléchi aura du vent dans les voiles. Bon succès.
    Tandis qu’au Québec il y a pénurie de main-d’oeuvre dans plusieurs domaines je me pose des questions sur le recrutement et sur les offres d’emploi à l’international.
    Nicole

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